Le phare et la lune

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68°9’22 » N 14°24’16 » E Moholmen Fyr,  Vågan, Nordland

2016-08-12 21:02:06.00

Le navire poursuit sa route au milieu de l’archipel des Lofoten. Nous sommes encore au delà du cercle polaire arctique mais en cette mi-août, et bien plus au sud que dans le Finnmark, les journées sont maintenant plus courtes.

Une nouvelle fois les lumières de l’arctique tiennent leur promesse.

Nous passons le phare de l’île minuscule de Moholmen tandis que la lune se promène et joue au dessus des reliefs fantastiques des îles Lofoten.

Les îles très découpées, quelques hauts fonds et ce sont des dizaines de balises, de phares qui jalonnent le passage des navires dans le dédale des Lofoten.

Les phares attirent toujours le regard, ils magnétisent notre attention. Il y a quelque chose d’intemporel, peut-être de préhistorique dans les phares. Les premiers feux allumés par l’homme lui ont à coup sûr permis de se repérer .

Les premiers marins ont eu besoin pour le cabotage de feux allumés sur les promontoires et les caps, les premières tours lumineuses parsèment la Méditerranée de Carthage à Catane, de Rhodes à Alexandrie. Même pour celui qui ne navigue pas, le phare rassure, il éclaire, mais d’abord rappelle que l’homme n’est pas seul, qu’il peut compter sur des semblables qui sont venus avant lui pour éclairer son voyage et le rendre moins périlleux. Le phare abrite les histoires et les légendes de ceux qu’il a sauvés, des embarcations qui ne seront pas drossées sur des rochers qui déchiquettent. Pendant longtemps, il est l’antre du gardien, un homme peut-être ombrageux et solitaire mais dont le courage et l’abnégation feront l’admiration de tous ceux qui lui sont redevables.

La lune qui le surmonte n’en est-elle pas sa matrice ? Tant la lune que le phare, ces lumières dans la nuit rappellent que nous sommes vivants, que le chemin existe et qu’aussi fragiles que nous soyons, le chemin est là. Mais la lune n’est qu’intermittente, elle abandonne les hommes pour se consacrer à quelque tache quelques jours par mois tandis que le phare, invention de l’homme qui sait et qui protège, signale le danger et ne faillit jamais.

 

 

Minéral et vie.

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68°8’19 » N 13°18’42 » E Flakstad, Nordland

2012-07-26 12:57:19.00

Qu’elles sont puissantes les montagnes des îles Lofoten. La tête perdue dans les nuages, elles ont laissé partir leurs petits sur la plage à l’assaut de la mer.

Les pentes sont fortes mais la nature l’est encore plus et les pelouses grimpent, premières d’une cordée de graminées. Qu’ont-elles en tête ces étendues vertes et humides ? Elles partent à la rencontre des nuages, car il n’est pas dit que les pluies ruisselleront sur les pierres pour se jeter bêtement dans l’océan. Des jardins presque verticaux habillent les pentes. Le botaniste se plairait à compter les points d’un combat où le végétal l’emporte sur le vieux minéral. Et la pierre est tellement plus séduisante lorsqu’elle s’habille d’une pelouse qui souligne ses courbes et accroche la couleur frêle d’une après-midi. Le marcheur aux yeux enchantés saisira mille nuances s’égrainant au fil de la course rapide et folle des nuages bousculés par une météo aussi loufoque qu’atlantique.

Les rochers de la plage n’ont guère attendu que la vie les habille et les patine. Les algues attendront patiemment que la mer les modèle vague après vague, marée après marée pour leur offrir des formes presque animales.

Celui qui chemine ici sera frappé par cette course à la vie, cet assaut incessant des végétaux et animaux. Là où le grincheux pourrait y voir un paysage austère, les amoureux y voient la sublimation d’un espace foisonnant de vie.

 

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En rang par deux s’il vous plaît…

68°8’19 » N 13°18’42 » E Flakstad, Nordland

2012-07-26 13:23:23.64

De er mektige fjellene i Lofoten. Hodet tapt i skyene, de forlot fra ungene sine på stranden for å erobre havet.

Bakkene er bratte, men naturen er mer og plener stige, først i en roped gress. Hva er det de har i tankene de våte grønne flater? De går for å møte skyene, fordi det ikke sies at regnet faller ned på steiner for å kaste dumt i havet. Nesten vertikale hager pryder bakkene. Botanikeren ville du holde score på en kamp der anlegget oppveier mineral gammel. Og steinen er så mye mer attraktive når hun kler på en plen som understreker hennes kurver og henger den delikate fargen på en ettermiddag. Walker glade øyne å gripe tusen nyanser égrainant over raske og vill tur skyer rushed av for sprø vær og Atlanterhavet.

Bergarter av stranden har neppe forventet at livet kledd og patina. Alger tålmodig vente til havet bølge etter bølge mønster, tidevann etter tidevannet for å tilby dem nesten dyreformer.

Den som går her vil bli rammet av dette løpet til liv, den uopphørlige angrep av planter og dyr. Hvor gretten kunne se en sterk landskapet, elskere ser det som sublimering av en bugnende boareal

Vole avec elles…

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Quand les îles s’envolent…

2016-08-12 20:53:51.00

Attablé dans le salon du MS Lofoten, le thé diffuse lentement. Nous longeons depuis trois jours maintenant les côtes arctiques et sommes au large des perles Lofoten, une des merveilles de la Norvège.

Assis contre un hublot, il me faut plusieurs minutes pour comprendre que les îles, les presqu’îles qui s’offrent à nous ne sont pas prêtes à s’envoler mais qu’il s’agit d’un effet d’optique. STOP…

Je suis dans la voiture, j’ai 7 ou 8 ans, la Dauphine nous conduit en vacances et au bout de la route surchauffée, c’est le mirage, la route semble mouillée, des flaques magiques disparaissent juste avant que nous approchions d’elles. Mes parents m’expliquent le phénomène, j’ai l’âge de raison, mais non, ce sont des flaques, ce seront toujours des étendues liquides que ton arrivée repousse ailleurs, plus loin toujours plus loin. Qu’abritent-elles ces mares ? Quelle malicieuse petite fée plonge dans l’onde avant ton arrivée ?

Alors, ce soir, ces îles ne sont reliées à l’eau que par une petite colonne à l’océan, elles n’attendent que toi. La vapeur de ton thé qui passe devant toi les aide à s’élever encore. Le contemplatif a le temps d’imaginer les créatures qui fréquentent ces îles perchées entre terre et mer, de créer mille espèces d’arbres qui les cachent aux yeux des navigateurs. Lorsque la nuit, enfin tombera, les îles rompront leur amarre et danseront avec les aurores boréales. Et si mon voisin à côté de moi tente de m’expliquer le phénomène, je lui répondrai que les terres arctiques abritent des trolls, de grands rennes blancs, un soleil qui brille à minuit et que les légendes du rêveur sont plus légères que les bulles de savon.

La preuve ? Le soleil accompagnait bien notre Dauphine verte sur la route…

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Sittende i MS Lofoten lounge, diffunderer te sakte. Vi følger tre dager nå og arktiske kysten er utenfor Lofoten perler, en av underverkene i Norge.

Sittende mot et vindu, det tar meg flere minutter å innse at øyene, halvøyer som er tilgjengelige for oss er ikke klar til å fly, men det er en optisk effekt. STOPP …

Jeg er i bilen jeg var 7 eller 8 år, tar Dauphine oss på ferie og etter overopphetet veien er mirage, veien ser våte, magi pytter bare forsvinne før vi nærmet dem. Mine foreldre forklarte meg fenomenet, har jeg i en alder av grunn, men nei, de er pytter, de vil alltid være flytende omfattende enn du kom gjenvekst andre steder, lenger ytterligere. De skjermet av disse bassengene? Hva en rampete liten fe dykk inn i bølgen før du kom?

Så i kveld er disse øyene ikke er koblet til vann av en liten kolonne i havet, de venter på deg. Steam te som passerer foran deg bidrar til å stige igjen. Den kontemplative har tid til å tenke seg skapninger som vanker i disse øyene som ligger mellom hav og land, og skaper tusen arter av trær som skjuler øynene av nettlesere. Når natten slutt faller, vil øyene bryte sin forankring og danse med nordlyset. Og hvis min nabo ved siden av meg å prøve å forklare fenomenet, vil jeg svare ham at arktiske landene er hjemmet til troll, store hvite reinsdyr, en sol ved midnatt og drømmende legender er lettere enn bobler såpe.

Beviset? Solen ledsaget vår grønne Dauphine godt på veien …