Encore…

Les lumières de l’arctique me manquent.

Départ le 1er février.

Arrivés à Bergen, deuxième ville de la Norvège, située au bord de l’océan atlantique, nous prendrons un des plus petits navires de l’express côtier le MS/Vesteralen, pour Tromsø, ville de l’arctique située 1200 km au nord de la cité hanséatique.

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Pendant ce périple de 4 jours, nous passerons par les villes d’Ålesund, Molde, Kristiansund, nous franchirons ensuite le cercle polaire, Bodø, puis les îles Lofoten pour arriver ensuite à Tromsø, ville universitaire, située par 69° nord et ce qui en fait « la ville de plus de 50 000 habitants la plus septentrionale du monde. »

bergen tromso

Il s’agit de notre 9° voyage dans l’arctique.

Contrairement à l’hiver dernier, où, partis plus tôt, nous n’avions vu que le dernier jour de notre périple le soleil ( 4 minutes seulement ), cette année, au moment de notre arrivée la « nuit polaire » sera terminée à Tromsø. Chaque jour, nous gagnerons 10 minutes en plus de durée du jour ( ce ne sera que 2 à 3 minutes à Marseille pendant la même période ),  ce qui est considérable.

Chaque soir, il nous faut préparer un itinéraire en fonction de la météo qui est attendue. D’abord pour la sécurité. Circuler dans l’arctique nécessite une automobile adaptée et surtout une conduite adaptée. Il arrive même que la circulation  y soit interdite car les conditions peuvent parfois être extrêmes.

Retrouver les gestes du quotidien, revêtir les 3 couches de vêtements amples, mettre les deux paires de gants, ajuster son bonnet préféré, dégager les accès chaque matin au logement, tracer un échappatoire à son véhicule pour qu’il puisse rejoindre la route, y entrer en essayant de ne pas y faire entrer trop de neige pour le mettre en route et commencer à dégivrer les vitres. Et entamer le long travail de déneigement.

Mettre ensuite le cap sur un endroit préparé à l’avance en fonction de la météo et de ce que nous avons prévu pour la photographie. La présence de vent, la possibilité de tempête de neige, un ciel clair, des nuages bas, vont nous dicter notre programme de la journée.

Bien entendu, les imprévus sont attendus, souhaités, espérés. Une chouette épervière, des pyrargues, des élans ou des rennes, un front de neige qui fonce sur vous, des moments de la vie quotidienne en Norvège, un bateau de pêche qui accoste.

Etre juste disponible pour sa passion, se protéger rapidement et sortir avec son sac photo, les boîtiers, les objectifs, les trépieds. Avant d’atteindre l’endroit, respirer, écouter, ressentir l’immense chance de se trouver là. Regarder tous ces points lumineux sur la côte et penser à toutes ces maisons en bois peint, ces dizaines de petits cocons douillets où chaque fenêtre, chaque lucarne est éclairée par une petite lampe, une décoration lumineuse, une guirlande.

Très immodestement, je me sens chez moi dans cette région de l’arctique. Ce n’est que le neuvième voyage mais c’est ici que je ressens pleinement ma passion pour la photo. Peu de chances que les photos prises là haut y trouvent le moindre acheteur, mais je sais qu’elles questionnent plus que celles que je prends ailleurs. Parce que l’émotion y est à son comble, que chaque déclenchement est intime. Mes photos y sont souvent dépouillées, à l’image de ce que je ressens en posant le pied ici. A peine arrivé ici, j’échappe à la fureur du monde, le flocon qui vient cingler mon visage a plus d’importance que les petits soucis du quotidien, l’envol d’un aigle des mers vient bouleverser les émotions, l’arrivée soudaine d’une bourrasque de neige débarrasse mon plancher mental souvent trop encombré.

Et le soir, de retour, à genou sur le canapé, regarder les lumières du fjord disparaître et revenir au rythme des averses de neige. Scruter l’apparition des aurores boréales, fixer jusqu’à la sortie du fjord les feux d’un navire. se sentir avalé par ce coin. Un « détox mental »…

Chacun a son endroit pour se sentir libéré de mille poids et des scories de la vie. Pour nous c’est ici…

Nous ne nous y sommes jamais sentis en vacances. Nous y sommes bien, c’est tout et c’est énorme. Et là, mes photos y sont le reflet de mon âme, de mes doutes, de mes émerveillements.

Rendez-vous ici très bientôt pour y suivre « 2020, les lumières arctiques« .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cela me manquait tant…

1 an que je n’étais pas revenu dans l’arctique. 1 si longue année où tu ne sais pas si la magie opérera une nouvelle fois.

Auras-tu encore la frénésie lorsque l’averse de neige s’abattra sur la montagne que tu as décidé de capturer quand le soleil devait venir allumer son sommet le matin ?

C’est lorsque l’avion a entamé sa descente sur Tromsø que s’est forgée une nouvelle fois la conviction que c’était l’endroit où les couleurs, le vent, les cristaux, les êtres qui l’habitent, se conjuguent pour me faire sentir enfin plus libre, calme et ( un peu plus ) serein.

La lumière, un arbre, une épave de bateau, un randonneur, un nuage.

Ne rien sentir d’autre que ce que tu aimerais transmettre au moment où tu vas appuyer sur le déclencheur, être discret dans la neige et ne pas piétiner n’importe où ce champ juste traversé par un élan solitaire, penser à légèrement bouger pour écarter de ton cadrage ce petit détail qui pourrait gêner le regard de celui qui regardera ta photo. Attendre, l ‘œil dans le viseur, que l’émotion te berce, qu’elle te susurre qu’il vaut mieux que tu modifies encore un peu ta position. Tes gants, tu les as posés dans la neige, ta veste est une nouvelle fois ouverte mais le froid n’y est pas, seule compte cette envie de caresser ( capturer est un vilain mot je trouve ) cet instant.

C’est fait… Et tu es heureux ( ta photo peut être ratée, ton intention était là… Ce n’est pas grave, tu devras encore et encore recommencer ).

Tu as réussi une nouvelle fois à faire tomber ton capuchon d’objectif dans la neige, tes gants sont facétieux et le froid se rappelle maintenant à toi, comme ce petit garçon, les chaussures trouées, qui a sauté cent fois dans la flaque d’eau sans rien sentir en riant aux éclats et qui ne sent ses pieds glacés que sur le chemin du retour…

Alors tu parcourras peut-être 100 mètres, 10 kilomètres où tu attendras encore deux heures avant qu’il te soit impératif d’arrêter ta voiture, ta randonnée parce qu’une émotion vient de te traverser à la vitesse de la lumière et qu’il ne saurait être question de continuer en l’ignorant…38862512610_426ac5e98b_k (1)

Photo Mireille Muggianu

Tromsø…et une bouture.

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69°38’9″ N 18°59’44 » E Fjellheisen, Tromsø Troms.

2015-03-01 17:57:38.05

Deuxième moitié des années 90, je découvre que l’Université de Tromsø publie sur le net ses relevés météos en temps réel et une webcam. Le web n’en est qu’à ses balbutiements. C’est pour moi une révolution. Il me faut deux ou trois minutes pour télécharger l’image, consulter les relevés et déjà, ressentir l’émotion. Pendant 15 ans, cette ville de l’arctique s’immisce dans quelque méandre ou circonvolution de ce qui me sert de cervelle.

wtstat 30/04/1997… Image d’archive de LA webcam…

Les connait-on les petites particules élémentaires, les facétieux neurones qui ont décidé de lancer les amarres quelque part ? Quelle loi régit l’aimantation irréfléchie mais forcenée de chacun de nous à un espace qui ne nous était probablement pas destiné ? A chacun de mes retours dans le Nord de la Norvège, la même appréhension m’étreint alors que l’avion s’apprête à se poser : Aimerai-je encore aussi fort ?

Aimerai-je encore autant marcher sur Fjellheisen et voir mes pas s’effacer immédiatement par le vent glacé qui pique de mille cristaux mon visage, déambuler sur la grêve de Telegraphbukta, poser le front contre la fenêtre et observer le fjord, attendre 23 heures frénétiquement pour aller s’immerger dans les doux reflets du soleil de minuit ou se couvrir de multiples couches pour s’abandonner aux aurores boréales qui jouent avec toi, avec les nuages et les nerfs de ceux qui ( « peuchère » comme on dit chez moi ), n’avaient prévu qu’une escale d’une nuit et repartiront peut-être bredouilles parce qu’ils ne pensaient que l’arctique n’avait que ça à leur offrir ? M’arrêterai-je encore devant la une du journal local,  pour tenter le plus rapidement de la comprendre ?

Le lendemain matin, la petite fée arctique a rempli son office et déneigé mon questionnement; tu peux adorer arpenter les ruelles du Panier, te faire baigner par les embruns salés et parfumés de Callelongue, sourire aux passants de la Rue Longue des Capucins ou marcher sur les sentiers des collines mais être persuadé désormais qu’une petite bouture de ton âme s’est accrochée ici, dans une prairie ou dans le parc de Prestvannet. Cette bouture du Grand Nord est opiniâtre, elle s’adapte au climat comme les feuilles du romarin au soleil de Provence. Elle est toujours vivante mais pousse lentement, peut-être un peu trop à ton goût. Alors elle va grandir pendant les jours et les nuits que tu passes ici. Elle va se nourrir de chacune des lumières folles qui te grisent, des rencontres et des balades, des bourrasques et des sternes que tu contemples.

De retour dans le sud , je sais que cette bouture poussera indéfiniment.

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Scanner cérébral.

Mes lecteurs comprendront qu’il ne m’aurait pas été possible d’exposer pour la première fois des photos d’un endroit qui m’est trop étranger. J’ai eu l’insigne honneur , de recevoir un petit greffon venu du nord. Il grandit et ces photos en sont des petits fruits, des baies nordiques.

Les couleurs du Port

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Coeur libéré de ses chaînes.

69°39’4″ N 18°57’37 » E Tromsø,

2015-02-25 13:26:07

Pour celui qui aime laisser son regard divaguer, se laisser accrocher par un détail, le port est un coffre aux trésors. L’homme l’a voulu efficace, rationnel, productif  à l’opposé de ce que le contemplatif recherche.

Mais il suffit de quelques minutes pour que le regard oublie les régularités, les enchaînements, les règles et l’ordre. Encore quelques secondes pour que le cormoran vienne perturber l’ordre établi, qu’une drisse toute neuve vienne couiner contre un mat, que des flocons viennent perturber les feux verts et rouges des navires. Là un homme d’équipage salue un équipier au sol à qui il lance la lourde amarre, un matelot déneige avec une petite pelle la passerelle qui descend sur le quai.

Les détails se révèlent maintenant… Ton esprit s’égare, voyant ici et là des objets, des situations qui discutent avec ce que tu es, ce que tu vis. Les couleurs du port s’approchent de toi et se jouent de toi. C’est le moment des métamorphoses, tout devient graphique, des mélanges s’opèrent, des objets se rencontrent et façonnent une autre réalité…

A chacun de mes passages l’œil se pose à nouveau sur les endroits que j’ai photographiés ici. Mais la couleur, les ombres, la pensée ont changé et l’œil décroche et vient se poser ailleurs vers une nouvelle histoire, un nouvel assemblage, une construction énigmatique. La magie opère à nouveau et elle a la délicatesse de t’offrir une nouvelle histoire.

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L’ordre immuable des poutrelles se dissout.

2012-07-16 11:24:52.00

Déclenche.

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69°38’9″ N 18°59’44 » E Fjellheisen, Troms

2017-02-21 15:29:10

Une averse de neige commence sur Fjellheisen, la colline qui domine Tromsø par laquelle on accède par un téléphérique.

Je regarde en contrebas la petite station service situé au bord du fjord. J’effectue un cadrage très serré qui isole la station service et laisse à l’eau sombre du fjord une part très importante. Je veux laisser à l’averse qui s’approche, à la nature qui nous entoure le plus de place, à nous de nous adapter, de nous protéger, de nous couvrir, de prendre les mesures qui s’imposent.

La neige peut redoubler, le blizzard se lever, les lignes disparaître, cette station est comme la plus petite des cabanes de montagne quand l’orage s’abat sur toi. Peut-être la prochaine voiture s’y arrêtera quelques minutes pour laisser passer le gros. Elle laissera la lumière jaunâtre pénétrer l’habitacle, s(a)on conduct(rice)eur mettra la radio NRK P3 et ouvrira sa thermos, bien calée laissant les flocons s’agglutiner sur la voiture, jouant de temps en temps avec l’essuie-glace pour deviner les premières faiblesses de l’averse.

Je savais qu’au moment de prendre cette photo, ce serait mon dernier essai avant que Tromsø, le fjord puis la « bensinstasjon » ne disparaisse sous des flocons décidément bien denses. Le temps de vérifier un réglage, il est trop tard, la station s’évanouit, je souffle sur mon boîtier pour chasser les flocons récalcitrants. Le boîtier rejoint le sac à dos, il est temps de replier le trépied. Nos silhouettes prennent la direction du café du téléphérique. Comme pour chaque visite ici, je prendrai deux merveilleuses gaufres ( vaffler ) avec de la confiture de framboise ( bringebærsyltetøy ). Calé contre une fenêtre qui surplombe Tromsø,  nous regarderons la ville et le pont disparaître au fur et à mesure de l’enchaînement des averses de neige.

En snø dusj begynner på Fjellheisen, åsen med utsikt over Tromsø by som nås med en taubane.

Jeg ser under det lille bensinstasjonen som ligger ved fjorden. Jeg gjør en meget stram innramming som isolerer bensinstasjon og blader i det mørke vannet i fjorden en svært viktig del. Jeg ønsker å la regnet nærmer seg, naturen som omgir oss mer plass for oss å tilpasse seg, for å beskytte oss, for å dekke oss, for å ta de nødvendige tiltak.

Snø kan forsterke, til snøstorm få opp linjene forsvinner, er stasjonen for å være den minste fjellhytter når stormen kommer ned på deg. Kanskje neste bil stoppe dem et par minutter for å la den store. Det vil forlate gulaktig lys inn i hytta, s (a) gjennomføre (ris) vil eur NRK P3 radio og åpne termosen sin, støttet forlater flak holde sammen på bilen, spiller av og til med Svisker for å gjette de første svakheter i regn.

Jeg visste at i å lage dette bildet, ville det være min siste test før Tromsø Fjorden og « Bensinstasjon » forsvinner etter desidert tette flak. Tid for å sjekke en innstilling, det er for sent, stasjonen besvimte, jeg pusten på min sak å jage trassig flak. Saken nådde ryggsekken, er det på tide å kaste stativ. Våre silhuetter ta retning av kaffe fra kabelen. Som med alle besøk her, vil jeg ta to fantastiske vafler (vaffler) med bringebærsyltetøy (bringebærsyltetøy). Støttet mot et vindu med utsikt over Tromsø, vil vi se på byen og brua forsvinne Som sekvensen av snøfall.

[Youtube https://www.youtube.com/watch?v=0ZSPNWZuv10&w=853&h=480%5D

T’éblouir ?

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Les lumières arctiques ne te laisseront aucun répit.

69°37’55 » N 18°54’29 » E Tromsø

A la mi-février, la durée du jour est déjà assez longue dans le Troms pour t’offrir des aubes et des crépuscules très, très longs. Le soleil ne montant pas très haut au dessus de l’horizon, on a droit à des éclairages rasants spectaculaires. La météo changeant parfois très rapidement, tu fais comme la pyrargue blanche de l’arctique, tu gardes constamment un œil sur le ciel et tu guettes des couleurs que tu n’oublieras pas car elles viennent caresser une grange rouge, un fjord ou une clairière enneigée aux douces courbes.

Quelques minutes plus tard, ton visage pique de mille flocons, le ciel est devenu blanc et tu évolues dans un monde devenu ouaté et silencieux. Mais cette couleur te poursuivra pour la journée et elle suffit à ton bonheur.

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Quand les montagnes de Kvaloya illuminent le fjord au petit matin.

69°41’32 » N 18°42’1″ E Kaldfjord
I midten av februar dagen lengden er lang nok i Troms til å tilby deg den gryr og dusks veldig, veldig lenge. Solen stiger ikke veldig høyt over horisonten, blir vi behandlet på spektakulær lyssetting beite. Været noen ganger veldig raskt skiftende, du gjør som den hvite pyrargue Arktis, holde deg et konstant øye på himmelen og du utkikksposter farger som du ikke vil glemme som de kjærtegne en rød låve, en fjord eller en lysning snø forsiktig buet.

Noen få minutter senere, dine ansikts piknik tusen flakes, himmelen blitt hvite, og du utvikle seg i en verden blir dempet og rolig. Men denne fargen vil forfølge deg for dagen og bare for deres lykke.

Arriver ?

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69°38’9″ N 18°59’44 » E Tromsø

Tromsøbrua

Tromsø est située sur l’île de Tromsøya à 300 km au nord du cercle polaire. Pour y arriver, par la route, depuis Kilpisjärvi (Fin), Abisko (Suè) ou Narvik, vous arriverez le plus souvent en franchissant le pont de Tromsøbrua. Par la mer, notamment avec l’express côtier Hurtigruten, vous accosterez à quelques centaines de mètres de ce pont. Tromsø est aussi un port. Le trafic sur l’est de l’île est assez important, pêche, navires de commerce, paquebots, mais aussi plaisance. Par avion, vous atterrirez à Langnes, un aéroport qui se situe sur l’ouest de l’île. Vous ne manquerez alors pas le second pont qui relie l’île à celle de Kvaloya.

Si vous repartez en avion, c’est le pont que vous verrez depuis l’aéroport. C’est généralement à cet instant que je me pose la question « Vite, que je revienne ici… »

69°41’27 » N 18°55’25 » E Tromsø lufthavn, Langnes

Sandnessundbrua

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Tromsø ligger på øya Tromsøya i 300 km nord for polarsirkelen. For å komme dit, med bil, fra Kilpisjärvi (End) Abisko (Swe) eller Narvik, kommer du som oftest ved å krysse broen Tromsøbrua. Ved sjøen, spesielt med Hurtigruten, du resepsjonist et par hundre meter fra brua. Tromsø er også en port. Trafikk på østsiden av øya er ganske stor, fiske, kommersielle skip, cruiseskip, men også glede. Med fly, lander du på Langnes, en flyplass som ligger på vestsiden av øya. Ikke gå glipp av da den andre broen som forbinder øya til det av Kvaløya.

Hvis du lar med fly, er det broen du vil se fra flyplassen. Det er vanligvis på dette punktet at jeg spør meg selv, « Quick, jeg kommer her … »

Plonger ?

En 2007, avec l’arrivée des vols low-cost, c’est à la fois le premier départ vers la Norvège, mais c’est aussi mon premier reflex numérique, un Canon EOS 350D. Chaque départ pour la Norvège nous amènera plus au nord, Oslo, puis Bergen, Valldal, Ålesund, Tromsø, Hammerfest. Comme si la lumière du nord était elle aussi magnétique, comme si cet éclairage, mais aussi ses ombres, ses clairs-obscurs, ces durées « folles » pour nous du jour ou de la nuit polaire nous avaient hameçonnés, épinglés comme des papillons de jour mais aussi de nuit sur les scènes de l’arctique. Ces escapades auraient pu n’être que des coups de foudre photographiques mais ce ne le fut jamais.  Nous avons été passionnés, surpris, enchantés, déroutés mais jamais déçus par ceux qui vivent, travaillent, aiment cette terre. Alors, comme amateur de photographie, je m’apprête à plonger pour témoigner des lumières qui baignent les régions du Troms et du Finnmark, ces territoires de l’extrême nord de la Norvège, situés au delà du cercle polaire.

Pourquoi « plonger » ? Parce que plonger me faisait peur enfant, je me bouchais le nez, je prenais de l’air comme si les abysses allaient m’avaler, je fermais les yeux, et je plongeais. Même pour le grand bavard que je suis, montrer mes photos sur des murs me terrifie, pour moi la photo est mon unique moyen d’exprimer ce que j’aime, ce qui m’émeut. Les photos postées ici diront mille fois plus que ce que je ne pourrai jamais dire clairement.

Ces quelques mois qui vont précéder cette expo qui germe si lentement seront mes préparatifs à la plongée. Les préparatifs qu’enfant, je faisais pour vaincre cette peur.